Le management nutritionnel des poulettes de chair futures reproductrices

Publié le 14 février 2022

Le management nutritionnel des poulettes de chair futures reproductrices

La période d’élevage des poulettes futures reproductrices est une étape clef dans la vie des animaux qui leur permettra d’exprimer ou non leur potentiel génétique. Dans un objectif de performances techniques et économiques en production, la qualité du management des poulettes sur les 20 premières semaines de vie se doit de suivre quelques règles.

Nous souhaitions dans cet article donner quelques conseils sur le management nutritionnel des poulettes en période d’élevage. Les recommandations nutritionnelles sont accessibles sur notre site et auprès de nos technico-commerciaux, n’hésitez pas à revenir vers eux pour plus d’informations.

La croissance des poulettes futures reproductrices se divise en 3 phases très importantes. Chacune des phases est accompagnée d’une formule alimentaire bien spécifique répondant aux différents enjeux et objectifs du développement des animaux.

1/ La phase de démarrage, de 1 jour à 5 semaines d’âge :

L’objectif de cette première phase consiste à sécuriser le profil de croissance des poussins pour assurer le bon développement corporel des futures reproductrices. Nous cherchons dans un premier temps à favoriser le développement de tous les organes du système immunitaire (tous les organes sauf ceux de reproduction), puis à assurer le développement squelettique et musculaire des poulettes.

Il est donc essentiel de tout mettre en œuvre dès l’arrivée des poussins pour favoriser l’ingérer alimentaire d’un aliment riche en protéines (développement des organes), en lysine et autres acides aminés complémentaires (développement musculaire, emplumement des animaux) et avec un ratio Calcium/Phosphore équilibré (proche de 2) pour favoriser la bonne croissance osseuse. Un développement squelettique solide permet d’accueillir la masse musculaire ensuite. Un bon prémix est nécessaire pour assurer la qualité de tous les nutriments sans aucune dégradation lors de la préparation de l’aliment.

Sur cette première phase, nous recommandons de présenter l’aliment sous forme de miettes (avec une granulométrie adaptée à la taille des animaux : mm sur un démarrage) pour concentrer l’aliment et éviter le tri par les poussins. Une présentation sous forme de farine sur cette première phase risquerait d’entrainer des déséquilibres alimentaires et ne stimulerait pas le poussin à consommer (il est très rare de l’observer sur le terrain).

A l’arrivée des poussins, nous conseillons d’offrir suffisamment de points d’alimentations (et d’eau) pour assurer l’interaction des poussins entre eux, avec l’environnement et avec l’aliment, et permettre à chacun de consommer l’aliment (1 assiette pour 50 poussins). Dès le matériel de démarrage retiré (au bout du 8ème jour d’âge), nous recommandons d’apporter une attention particulière à la place à table sur toute la période d’élevage (une poule naine de 20 semaines d’âge requière par exemple 11.5cm de place à table).

Selon la richesse de la formule alimentaire, nous pouvons recommander de laisser Ad Libitum les poussins sur les 2 premières semaines de vie. Cette non-restriction doit en revanche être accompagnée d’un vide d’assiette quotidien de 1 à 2h pour permettre à tous les poussins de consommer les fines particules. Ces fines renferment principalement les acides aminés et vitamines essentiels au bon développement des futures poulettes, il ne faut donc pas les jeter si elles sont non consommées. Un vide d’assiette permet également de stimuler les comportements de grattage/picorage, et favorise l’ingérer des refus (améliore l’indice de consommation et réduit donc les coûts de production).

Un aliment riche en protéines sur les débuts de vie peut entrainer quelques désordres de digestion. C’est pourquoi nous recommandons de supplémenter l’eau de boisson dès 1j avec des acides organiques (et non des acides minéraux qui peuvent déminéraliser le squelette) permettant de tamponner le pH autours de 3.5-4. Cette réduction du pH de l’eau permettra de favoriser la digestion des poussins et évitera toute forme d’entérite sur les premiers jours/semaines de vie. Cette acidification de l’eau est intéressante sur les 5 premières semaines de vie en continue, puis par période, à chaque transition alimentaire ou avant et après chaque stress de l’environnement (thermique par exemple). Cela permet d’éviter l’apparition de E.coli quand les animaux sont fragiles.

Enfin, nous conseillons d’offrir une nuit de 18h au 5ème jour de vie pour permettre aux poussins de se reposer et de digérer. Cette méthode permet de réduire considérablement le nombre de poussins bloqués d’un point de vue digestion (poussins qui ne grandiront plus).

Il est enfin important de suivre la croissance des poulettes chaque semaine. En fonction de l’homogénéité du lot, nous recommanderons de procéder à un grading en 2 ou 3 lots dès 3-4 semaines d’âge pour conduire le lot global en différents groupes de poids. Cette méthode permet d’avoir à 20 semaines un lot beaucoup plus homogène qu’un lot conduit en 1 seul groupe et permet donc de mieux synchroniser le départ en ponte.

Cette phase de démarrage est donc très importante et nécessite d’apporter un management de confort et d’accessibilité aux poussins sur les 5 premières semaines de vie. Une poulette de 5 semaines doit être à un score de bréchet d’environ 4 (suffisamment rond). Les autopsies doivent montrer à ce même âge une très fine couche de gras autours du gésier. L’absence ou la trop forte présence de gras reflètent un mauvais développement corporel de la poulette.

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2/ La phase d’entretien, de 6 à 15 semaines d’âge :

L’objectif de cette deuxième phase est de continuer plus lentement le développement squelettique et musculaire des futures reproductrices, tout en gardant une bonne homogénéité de lot. Cette phase peut être divisée en 2 paliers : 6 à 10 semaines, puis 11 à 15 semaines avec des niveaux nutritionnels encore plus faibles.

Nous cherchons à ces âges-là à réduire les niveaux nutritionnels de la formule d’aliment pour garder une maitrise du développement de l’animal. Nous réduisons donc les niveaux de protéines, de lysine et acides aminés complémentaires, tout en augmentant les niveaux de fibres dans l’aliment. Cet aliment plus riche en cellulose permet de réduire la valeur énergétique de l’aliment et donc d’augmenter la quantité à consommer. L’encombrement de l’aliment par la cellulose augmente naturellement le temps de consommation, ce qui favorise le maintient d’une bonne homogénéité de lot. De même, cela est bénéfique sur le comportement des poulettes qui sont alors occupées plus longuement. Pour une meilleure homogénéité de lot et un comportement moins nerveux, notez que nous conseillons de distribuer l’aliment dans le noir.

Cette phase d’entretien est également la phase où nous commençons les jours de jeun. Pouvant être perçu comme un stress par les poulettes, nous préférons étaler ce passage de 1 repas par jour tous les jours à 1 repas par jour 5 ou 6 jours dans la semaine sur plusieurs 2-3 semaines. Ces jours de jeun permettent au jabot de développer son élasticité et sa capacité à ingérer d’importantes quantités d’aliment en peu de temps. Un aliment plus riche en fibre est donc encore une fois un avantage lors de cette phase d’entretien.

Ici encore, il est important de contrôler toutes les semaines la prise de poids des futures reproductrices. Comme nous l’avons dit plus haut, une poulette de 5 semaines d’âge doit présenter un score de bréchet égal à 4. Nous allons chercher à amener dans cette phase d’entretien une poulette avec un score de bréchet (entre 10 et 15 semaines d’âge) entre 2 et 3. A l’autopsie, la poulette ne doit surtout pas présenter une grosse couche de gras. Un minimum, voir idéalement aucune couche de gras est à ce stade là important. Un engraissement trop important risquerait de lancer trop précocement le développement sexuel des poulettes.

3/ La phase de pré-ponte, de 16 semaines d’âge aux premiers œufs :

L’objectif de cette dernière phase d’élevage est de développer l’appareil reproducteur des poulettes, de commencer à stocker du calcium dans l’os médullaire et enfin de permettre aux poulettes futures reproductrices de développer une petite réserve graisseuse.

Cette phase s’accompagne donc d’une augmentation des niveaux protéiques et d’acides aminés permettant de développer l’oviducte et la grappe ovarienne. Nous cherchons à remonter la valeur énergétique de l’aliment à ce stade pour permettre aux poules de se faire une légère réserve de gras juste avant l’entrée en ponte. Il sera important de ne pas laisser la poule puiser dans ses réserves pour produire un œuf, d’où l’importance d’avoir un minimum de réserve.

Le GMQ des poulettes futures pondeuses sur cette période doit donc être plus élevé que sur la phase d’entretien. A l’inspection des os pelviens avant l’entrée en ponte, ces derniers doivent être recouverts d’une légère couche de gras et le gras abdominal doit se faire légèrement ressentir à la palpation.

A ce stade, pour stimuler le développement de la grappe ovarienne, nous conseillons également d’augmenter progressivement la durée d’accès à l’eau par jour. 2 semaines avant de transférer les poules, nous préconisons d’ajouter 15min d’eau/jour avec comme objectif d’arriver au jour du transfert à durée en eau = durée en lumière. Le lot risque de dégrader fortement la litière, ce qui a peu de conséquences sur une fin d’élevage. Si toutefois le lot reste dans le même bâtiment en production, nous recommandons d’avoir un management de l’eau différent pour éviter cette dégradation de litière.

Enfin, cette phase nutritionnelle s’accompagne d’une augmentation du taux de calcium pour préparer à la ponte. Nous cherchons par là à renforcer l’os médullaire en Calcium pour permettre aux poules pondeuses d’avoir suffisamment de réserves calciques en cas de nécessité une fois la ponte lancée. Notez que l’acide organique aide au stockage du calcium.

Cette phase est cruciale pour la préparation à l’entrée en ponte. Tant que les premiers œufs ne sont pas ramassés, il est important de garder le(s) jour(s) de jeun (au risque de stimuler la ponte), et de continuer à suivre la courbe de croissance. Cette période reste propice à l’engraissement important des poules, avec un impact irréversible sur la suite de vie de l’animal (foies hémorragiques, mortalité élevées, performances moindres). Il est donc important de garder en tête qu’à ce stade, les poules n’ont que des besoins de maintenance, et aucun besoin de production.

Nous recommandons à cet âge, avant la ponte des premiers œufs, de faire une supplémentation en hépato-protecteur afin de permettre au foie et aux reins de se préparer à la future stimulation alimentaire. La quantité consommée sera augmentée de façon significative en l’espace de très peu de temps, ce qui sera perçu comme un stress hépatique. L’hépato-protecteur n’a pas un rôle curatif, mais préventif. Il ne réduira donc pas le taux d’engraissement de vos poulettes futures pondeuses.

Ce qu’il faut retenir :

La période d’élevage est tout aussi importante que la période de production. Le bon management nutritionnel permet de couvrir les besoins des poulettes futures reproductrices sur les 3 différentes phases de croissance : une phase de développement des organes du système immunitaire, du squelette et de la masse musculaire, une seconde phase d’entretien et enfin une phase de préparation à la ponte. 3 phases avec des enjeux et objectifs différents qui nécessitent d’observer les animaux, leurs comportements et leur état d’engraissement.

Nous souhaitons rappeler ici que nos lignées sont sélectionnées sur différents caractères pouvant ou non être complémentaires : nous citerons ici par exemple la ponte et les rendements filets. L’amélioration des performances sur des caractères spécifiques entrainent des changements de morphologie squelettique et musculaire. Cela implique des besoins qui changent d’une génération à l’autre.

Prenons par exemple une femelle SA51A. En l’espace de 3 générations, (soit 18 mois), nous avons augmenté d’1 œuf la ponte OAC entre 26 et 57 semaines d’âge. Nous pouvons donc facilement imaginer que sur plusieurs années, les besoins de production changent, tout comme les besoins de maintenance. Il est donc important de garder en tête que chaque lot est différent. Nos standards restent des indicateurs que vous pouvez adapter selon l’environnement avec l’aide de votre technico-commercial.

Nous aborderons dans le prochain article les conseils nutritionnels en période de ponte pour assurer de bonnes performances techniques mais surtout économiques du lot.

Article rédigé en collaboration avec Baptiste RUEL - Ingénieur Volaille MG2MIX

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